On raconte qu’en l’an 1387, des épouvantails se sont animés dans la campagne morgienne, mus par une force mystérieuse. Dans un élan menaçant, ils faisaient un fracas insoutenable, tourmentaient les populations vigneronnes et empêchaient de sortir de chez elle toute personne qui voulait aller vendanger le raisin mûr.
On croit se souvenir que ces vicissitudes étaient la conséquence d’un engagement non tenu par les vignerons; ils auraient en effet promis d’apporter au comte une brante de raisin, en échange des bons conseils prodigués pour la protection des vignes contre les oiseaux.
On alla, à l’époque, mettre un terme au sortilège des épouvantails, en brûlant le roi de ces silhouettes envoûtées. On chanta autour du feu libérateur, en l’honneur de la parole donnée et enfin respectée. Et l’on festoya toute la nuit pour célébrer les vendanges. En l’an 1996, on retrouva trace de cette légende: on se souvint d’Agénor, courageux vigneron, qui brava le vacarme des épouvantails pour venir se repentir et plaider sa cause auprès du comte de Savoie, avant le début des vendanges.
Le cortège des vignerons, tambours en tête, descendus de Denens jusqu’à Morges, fit écho à cette descente historique. On fit ensuite une procession solennelle, avec, à sa tête, un épouvantail géant. On alla brûler celui-ci sur la place de l’église. Et l’on festoya toute la nuit pour célébrer les vendanges.